Paul Amor

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Paul Amor
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Fonctions
Membre du Conseil supérieur de la magistrature
-
Directeur de l'Administration pénitentiaire
-
Armand Camboulives (d)
Eugène Turquey (d)
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Paul René Éliacin AmorVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Autres informations
Mouvement
Personne liée
Pierre Cannat (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Lieux de détention
Maison d'arrêt de Laon (d) (), caserne des Tourelles ()Voir et modifier les données sur Wikidata

Paul Amor, né le à Bône (Algérie) et mort le à Paris, est un magistrat et résistant français.

Premier directeur de l'Administration pénitentiaire nommé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il mène une importante réforme pénitentiaire visant à placer « l'amendement et le reclassement social du condamné » au cœur de la peine privative de liberté.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et études[modifier | modifier le code]

Paul René Eliacin Amor naît le à Bône, aujourd'hui Annaba, en Algérie française. Issu d'une famille aisée, son père médecin et philanthrope lui transmet l'idée que l'environnement social d'un individu peut influer sur son comportement à l'égard des lois[1].

Après avoir effectué son service national, il entreprend des études juridiques et obtient une licence de droit en 1925 puis un certificat de législation algérienne, de droit musulman et de coutumes indigènes en 1926. Il poursuit avec un diplôme d'études supérieures d'histoire du droit et de droit romain et un diplôme d'études supérieures de droit privé qui lui permettent de se prévaloir du titre de docteur en droit. Au cours de ses études, il devient avocat puis, le , attaché au parquet général d'Alger[2].

Début de carrière[modifier | modifier le code]

En , il sollicite un poste de suppléant rétribué de juge de paix en Algérie. Après un voyage à Paris en , il obtient de la Chancellerie sa nomination à Blida. En , il devient juge de paix à part entière à Mondovi puis il est successivement nommé juge suppléant rétribué dans le ressort d'Alger en 1930, juge à Guelma en 1934 et substitut à Tizi-Ouzou en 1936. À cette époque, il conçoit pour les mineurs un système d'enquête sociale et une fiche de personnalité mis en place dans son arrondissement judiciaire[1].

Le , il est nommé procureur de la République à Bayeux où le procureur général de Caen souligne ses qualités. Officier de réserve, il fait la campagne 1939-1940 dans le génie puis, après un bref passage comme délégué procureur à La Châtre en , reprend son poste de Bayeux le .

Résistance, internement et évasion[modifier | modifier le code]

Le , Paul Amor est installé comme procureur à Laon. Il est mis en cause devant une cour martiale à propos d'une tentative d'évasion à la maison d'arrêt de Laon, survenue le , soupçonné d'avoir aidé un réseau de la Résistance[2]. Dénoncé, il est arrêté le par l'intendant régional de police de Saint-Quentin et incarcéré à la maison d'arrêt de Laon. Il signe le registre d'écrou comme procureur de la République et non procureur de l'État français de Vichy[1].

Après trois semaines, il est transféré à Paris et interné à la caserne des Tourelles depuis laquelle il organise des actions de résistance. Il signe de son nom un tract appelant à la révolte et s'évade seul avant de revenir chercher, le , quinze de ses camarades menacés de déportation[2].

Les autres résistants laonnois libérés de la prison de la Santé le , il participe aux combats pour la Libération de Paris aux côtés des Francs-tireurs et partisans et de l'Organisation civile et militaire[2].

Rôles après la Libération[modifier | modifier le code]

Directeur de l'Administration pénitentiaire[modifier | modifier le code]

Le , Paul Amor est nommé à titre provisoire avocat général près la cour d'appel de Paris et directeur de l'Administration pénitentiaire et des services de l'Éducation surveillée par François de Menthon, garde des Sceaux dans le premier gouvernement provisoire de la République française dirigé par le général de Gaulle. Sa nomination est confirmée le [2].

Dès son arrivée à la Chancellerie, il se donne pour mission de réformer l'administration pénitentiaire durement affectée par le régime de Vichy afin d'améliorer le sort réservé aux détenus. Pour ce faire, il monte une commission composée de personnalités scientifiques compétentes présidée par l'avocat Jacques Charpentier, bâtonnier de Paris, et dont le secrétariat général est assuré par son ami Pierre Cannat.

Conscient des lacunes et des besoins de formation des personnels pénitentiaires, il inscrit dans sa réforme la nécessaire création d'une école technique spéciale par laquelle tout agent devra obligatoirement passer pour améliorer ses compétences. Le Centre d'études pénitentiaires et l'École pénitentiaire de Fresnes ouvrent ainsi respectivement en 1945 et 1946 afin de former le personnel des établissements ayant adopté le régime progressif[3]. Ces écoles sont les précurseurs de l'actuelle École nationale d'administration pénitentiaire située à Agen.

Considérant la lecture comme un outil de sa politique au service du reclassement, il contribue à la réorganisation des bibliothèques de prison[4].

Organisation internationales et fin de carrière[modifier | modifier le code]

Il est ensuite nommé représentant de la France à la Commission Internationale Pénale et Pénitentiaire à Berne 1947 et membre de la Commission de réforme du code d’instruction criminelle. En 1949, il est détaché à l’ONU comme chef de la Section de la Défense sociale, Division des activités sociales de l’Office européen des Nations unies. Avocat général puis premier avocat général près la Cour de cassation, il siège pendant huit ans (-) au Conseil supérieur de la magistrature, avant de prendre sa retraite le .

Mort[modifier | modifier le code]

Il meurt à l'hôpital Cochin le dimanche et ses obsèques religieuses sont célébrées en l'église Saint-Philippe-du-Roule[2].

Hommages[modifier | modifier le code]

La 34e promotion de directeurs des services pénitentiaires (2003-2004) a choisi de prendre pour nom de baptême celui de Paul Amor[5].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Hinda Hedhili-Azéma, La réforme « Amor » de l’administration pénitentiaire - mai 1945, Paris, Direction de l'Administration pénitentiaire, , 272 p. (lire en ligne Accès libre [PDF]), p. 38-39
  2. a b c d e et f Christian Carlier, « Paul Amor et l’affaire de la prison de Laon (8 avril 1944) », Criminocorpus,‎ (lire en ligne Accès libre)
  3. Ministère de la Justice, « L'École nationale d'administration pénitentiaire à Agen (1964) » Accès libre [PDF], sur enfantsenjustice.fr, (consulté le ).
  4. Marianne Mas, « Annexe », Lire délivre. Atelier lecture en prison de femmes,‎ , p. 129-133 (lire en ligne Inscription nécessaire)
  5. École nationale d'administration pénitentiaire, « Liste des noms des promotions baptisées » Accès libre [PDF], sur enap.justice.fr, (consulté le ).